(Pour la première partie de mon congé sabbatique - voyage en moto dans le sud de la France et 1 semaine en Tunisie - cliquez ici)

 


 

CARNET DE CONGE SABBATIQUE

deuxième partie du 23 novembre 2001 au 7 janvier 2002

Les aventures d'une 205 Junior à travers

le Maroc,

le Sahara Occidental,

la Mauritanie

et le Mali

 


 

(dernière mise à jour le 21 novembre 2002)
(mises à jour durant le voyage le 11 décembre  2001 de Nouakchott-Mauritanie et le 28 décembre 2001 de Bamako-Mali)

 

Avant de lire les aventures, vous pouvez consulter : parcours et cartes, informations pratiques, conseils, liens web...

Et vous pouvez regarder quelques photos :

 


RECIT et CROQUIS

 

L'héroïne : croquis205.jpg (20172 octets)

Septembre 2001, du web et diverses discussions sur des cyber forums, surgit l'idée de descendre en Afrique avec ma bonne vieille 205 junior (vieille de 16ans et de 225500km) jusqu'à ce qu'elle ne roule plus et/ou la vendre là-bas! Et, avec Martin et Anne qui sont revenus de leur 5 mois en Asie et qui traînent à Paris depuis 1 mois, nous décidons de nous lancer. (voici le site le plus motivant et rigolo Des fous en Deuche a Dakar)

Octobre, je commence mon congé sabbatique mais Martin et Anne ne sont pas prêts, je pars en moto pour 5 semaines. Fin octobre, c'est moi qui ne suis pas rentrée, ils commencent la descente vers l'Afrique. Peu de gens ont foi en "cette, cette... poubelle" (comme ils disent) et sont persuadés que la 205 n'atteindra jamais le sud de l'Espagne.

 

"Femme marocaine" par Laurence - Essaouira - 28 nov 2001

"Mosaïque de Marrackech" par Laurence  - 24 nov 2001

Vendredi 23 novembre 2001, Martin et Anne m'ont bien récupérée, à 16h, au MAROC...

"Passant marocain" par Laurence - Essaouira- 28 nov 2001

...  à l'aéroport de Marrakech, bronzés, minces et sourire aux lèvres. Il fait beau et chaud à la descente de l'avion, bien que les seuls nuages que l'on a eus sur le trajet étaient pendant la descente. Où sont-ils maintenant ? Choc du froid de Paris où j'avais pris le risque de sortir en fourrure polaire. Couleurs de bâtiments rouges, "petits taxis", le peuple qui discute, aimable. J'aime cette ambiance.

Vaillante, la 205 Junior, a un peu changé son look et s'est largement améliorée : 4500km supplémentaires (dus à la descente de Paris à Marrakech- elle a donc bien été jusqu'au Sud de l'Espagne et a maintenant 230 000km au compteur), 2 roues de secours sur le toit, une porte pour la boite à gants, un allume-cigare, une prise pour l'épilateur, des outils et bidons divers dans le coffre, le ventilateur passagers qui marche (ceux qui connaissent la voiture, savaient qu'il ne fallait pas respirer en hiver dans cette voiture faute de quoi on ne voyait plus rien); et la radio cassette qui fonctionne (il ne marchait plus depuis plusieurs années)... Martin a bien travaillé ainsi que le père d’Anne qui a inventé une super galerie-attache-pneus qui fera envier tous les garagistes et aventuriers que nous rencontrerons sur le chemin.

Je découvre la conduite locale. Martin, qui a déjà 1 mois d'entraînement, doit rester très (très) attentif car il en vient de tout côté. Quelques coups de klaxons et ça passe. Arrivée sur les remparts, ils brillent sous le soleil couchant. Allez déjà 10 photos dans la boîte.  On essaye de faire le tour des "babs". C'est par où ? "Oui oui toujours tout droit" nous dit un flic qui nous indique une route qui tourne et tourne dans la ville. La solution : faire à gauche, à droite, à gauche, à droite... et ainsi de suite... et nous sortons enfin de la ville de l'autre côté des remparts. Ne pas oublier un "gauche" ou un "droite" sinon c'est reparti dans les ruelles. L'hôtel en plein centre ville n'est pas cher. Et je comprends pourquoi dès que je vois ma chambre. Une cellule de nid d'abeille. Pas de fenêtre. Juste le lit et l'espace pour poser le sac. Au moins c'est joliment décoré (en nid d'abeille - voir croquis) et c'est moins pire qu'une cellule japonaise, me réconfortent Martin et Anne (après avoir bouché les diverses ouvertures de la porte avec du papier journal). Dîner à 5h30; sur la place Jebna El Fna,  avec les Marocains qui ne se jettent pas tant que ça sur la nourriture à la fin d'une journée de Ramadan. La place est remplie de stands-restaus éclairés aux générateurs qui résonnent de partout. C'est un peu la loi de la jungle pour se faire servir. Visite des souks après 18h : tout est fermé. On voit de très belles portes en bois et ferronnerie. Puis à l'hôtel, cachés sur la terrasse, je sors la bouteille de Champagne (si si je l'ai amené de France)  et gâteau au chocolat pour l'anniversaire d'Anne qui souffle les bougies. Les vacances commencent. Bonne partie de rigolade toute la soirée. Martin et Anne me racontent leurs aventures et mésaventures jusqu'à aujourd'hui.

Entre autre le passage de la frontière entre l'Espagne et le Maroc. Martin et Anne attrape le bateau à Algesiras pour Ceuta. Coincé sur ce petit bout de terre espagnol, il n'y a qu'à passer la frontière. Papier de voiture, passeport, .... La douanière s'aperçoie que la voiture ne leur appartient pas ! Mais nous avions tout prévu. J'avais donné une autorisation à Martin et Anne pour les autoriser à aller au bon leur semblerait sans moi avec la voiture. Ce papier informe qui avait bien vécu, sans timbre officiel, n'a pas plu à la douanière. Argumentation, palabre, ... rien n'y fait. Finalement, elle les envoie voir le "chef".  Ecrasé dans son fauteuil, c'est l'heure de la sieste, il écoute Martin lui dire que c'est la voiture de sa soeur. Il appelle le planton. Grosse sueur de Martin et Anne. Passes-moi ce crayon (qui se trouve dans l'autre coin de la table). Il prend une feuille et écrit : Voiture de sa soeur. Martin et Anne retourne avec ce papier vers la douanière. Qui, enervée, les laisse passer !!

J'admire les aquarelles de Martin qui sont magnifiques. Avec les notes d'Anne, c'est un vrai carnet de voyage. Je profite de l'appel à la prière de 4h du mat pour reproduire les frises de ma chambre.

"Mosaïques dans ma cellule de Marrakech" par Laurence - 24 nov 2001 "Mosaïques dans ma cellule de Marrakech" par Laurence - 24 nov 2001"Mosaïques dans ma cellule de Marrakech" par Laurence - 24 nov 2001"Mosaïques dans ma cellule de Marrakech" par Laurence - 24 nov 2001

 

24nov, après le petit déjeuner, nous partons vers les souks à nouveau; direction les tanneurs. Nous retrouvons les mêmes ruelles de la veille au soir mais noires de monde et colorées de vêtements, babouches et tapis. L'athmosphère est vraiment vraiment différente. Après 30 photos et l'achat de 50 colliers, 10 bagues, 100 paires de babouches, jaunes et oranges, et 5 sacs à main (où à la tentation de l'achat de tout ça), nous passons une petite et vieille porte qui nous mène, mine de rien,  à une tannerie immense en plein coeur de la ville, à l'odeur pestilentielle. Comment reconnaître une personne qui veut vous guider vers une tannerie ? Il vous suit de loin (ou vous précède de loin - ils sont très forts pour ça) et porte un bouquet de menthe à la main. En vue de nous cacher le nez pour éviter l'odeur. Nous traversons les différents puits de fiente de pigeons (où reposent les peaux à déssécher), de chaux, les peaux de chameaux non grattées, de chèvres... Puis Martin nous mène (il fait semblant de lire la carte et les noms de rues qui ne sont affichés nulle-part) brillamment de l'autre côté des remparts et puis retour vers la place Jebna El'Fna. En fait il a du faire un séjour de plusieurs mois dans une vie antérieure à Marrakech pour pouvoir se retrouver si bien ! De promenades en "viens voir la gazelle pour le plaisir des yeux", on fait un peu le Ramadan. Mais ça ne nous réussit pas du tout. Nous sommes de très mauvais poil. 15h30, picque-nique donc. Puis promenade à nouveau dans les souks. 17h30, on nous offre la harira (la soupe du Ramadan - aux haricots rouges) mais nous, nous avons déjà craqué. Tard dans la soirée, retour sur la fameuse place, remplis de restaus improvisés, ambiance colorée cette fois-ci de plats à manger, et bruyante de groupes electrogènes. Anne s'essaye aux escargots aux épices au stand 135, puis nous passons rapidement au stand 1 recommandé par le guide du routard mais il faut y faire la queue; puis tout le monde goutte aux brochettes, pastilla, frite (!) et tajine au stand 41...

En voiture, nous passons assez inaperçus car tous les "petits taxis" sont des 205 ! Et ce sera vrai pour toutes les villes du Maroc. Mais les Marocains ont l'oeil et ont voyagés - car beaucoup, voyant la plaque d'immatriculation française et en 92, nous abordent pour nous dire que eux aussi ont de la famille à Boulogne, Nanterre ou bien Saint-Cloud.

 

Dimanche 25 nov - je pars chercher tôt le petit déjeuner en ville (jus d'orange préssées et gateaux marocains). Les locaux me demandent si je travaille ici. A cette heure-ci ils n'ont pas l'habitude de voir des touristes se promener. Départ avec le 4x4, euh non la 205 mais qui en a tout l'air, pour Essaouira, plein est. Nous traversons les steppes, quelques collines, des champs d'arganiers (mais nous n'apercevons pas de chèvres en haut des arbres en équilibre sur les branches) et un désert de pierres. Essaouira apparaît en bas. Ville étape, qui se transforme vite en ville repos. On choisit un super hôtel avec vue sur la mer mais les chambres auront vu sur le patio. Tant pis.

Lundi 26 - jeudi 29 - LE jour de visite s'est transformé en 4 jours pendant lesquels nous avons passé notre temps à admirer les vues des remparts sur les vagues qui se jettent sur les rochers, magnifiques et le jeu des mouettes en contre-jour qui attendent les restes de poissons des bateaux de pêche sur le port, flâner dans la médina bleue et blanche, petite, et animée. Sauf entre 17h35 et 18h, car c'est l'heure de fin du ramadan et les passants (et flics) se volatilisent, vite fait bien fait. Les boutiques ferment, les restaurants aussi, nobody à la réception des hôtels, les parties de foot sur la plage s'arrêtent... Il n'y a plus qu'à attendre la fin du repas. Les marocains ont bien attendu toute la journée, eux. Donc programme pour ceux qui n'ont pas réalisé : lever à 11h, p'tit dej sur la terrasse de l'hôtel avec les mouettes vers 13h, puis promenade en ville ou sur la plage, croquis de mouettes, dej vers 16H30 (il faut donc 1h de promenade pour trouver le restau qui veut bien encore nous servir), puis admiration du coucher de soleil poignant juste derrière le fort et re-promenade en ville quand le peuple est revenu (vers 18h) - Le rythme est terrible. C'est pour cela qu'on dit :  "Marrakech, arnakech, Agadir rien à dire, Essaouira et ça ira". Bref, difficile de partir tellement c'est agréable. Ah ! Oui j'oubliais : avec Martin, nous nous mettons à l'italien. Il ne faut pas que j'oublie que je dois partir vivre en Italie au retour. Vous voyez, ce n'est pas complètement de tout repos !!! Nous profitons d'être au calme pour essayer les 2 roues de secours supplémentaires, bien au chaud sur le toit de la voiture. Mais... les jantes ne correspondent pas et c'est impossible de les utiliser. Nous faisons changer les jantes de justesse. Nous aurions été malins dans le désert avec nos roues de secours impossibles à installer !!

Au cours d'une promenade nous faisons connaissance avec Abdel l'épicier, le vrai épicier : qui vend des épices uniquement, derrière son stand de montagne d'épices. Il nous invite à prendre le thé derrière son comptoir. Espace de 2,5m2, où il est tout de même équipé pour faire sa cuisine. Les piles de toutes les couleurs sont tellement hautes que nous sommes devenus invisibles de la rue. Les murs sont couverts de pots remplis de plantes diverses. Abdel nous fait l'inventaire. Que de noms, que je ne retiens pas. Abdel nous invite pour le thé. Un thé très spécial car un des pots sera ouvert pour rajouter à la mixture. Nous ressortons comme ivres et les yeux un peu rouges. Promis nous reviendrons.

Les mouettes d'Essaouira : ne se laissent pas faire, ont des territoires (les rochers isolés) où un humain ne doit pas s'y aventurer car sinon elles attaquent en piqué, sont sur leurs gardes, surveillent le moindre bout de poissons laissé à l'abandon pendant plus de 5 secondes, jusque sur les étalages des stands-restau installés dans le port. Gare à son assiette. Certaines sont plus averties et viendront chercher, en piqué, directement dans les paniers au grand dam des pêcheurs. Elles pullulent dans les environs du port, mais chose étrange, ne s'aventurent pas à l'intérieur des remparts. Nos pigeons devraient suivre leur exemple !

"Etude de mouettes" par Laurence - Essaouira - nov 2001

"Etude de mouettes" par Laurence - Essaouira - nov 2001

Etude de Mouette - carcala - Essaouira nov 2001

"Etude de mouettes" par Laurence - Essaouira - nov 2001

 

Vendredi 30 nov -  Direction les montagnes du sud. Taf raout et ses rochers dessinés. Et ses berbères. Unique en leur genre pour leur façon de draguer : ici c'est très très direct... je n'en dirai pas plus. Leçon d'italien numéro 5 !  Oggi, il tempo é molto buono mà c'é un po' di vento.  Le long d'une route, nous repérons une piste sur pierres plates et nous roulons à travers les rochers pendant quelques minutes. Le tout est de bien regarder pour pouvoir retrouver le chemin de retour. Nous abandonnons la voiture sur le haut d'une colline pour la retrouver plus facilement. Puis une petite randonnée nous amène jusqu'aux rochers bleus de l'artiste belge (fou ?), étrange sensation, alors que tout est rouge, la terre, les rochers et les montagnes qui nous entourent. Martin et Anne montent sur un des ces roques. Essaie de l'écho qui ne répond pas. Nous pique-niquons au pied de ces rochers, isolés de la civilisation.  Ou presque puisque nous sommes vite rejoins par des chiens sauvages et évidemment par 1, 2 ou 3 marocains, marocaines ou enfants - comme d'hab. quoi ! Au Maroc, vous croyez toujours être dans des coins totalement désertiques d'homme, mais soudain, surgissant de nulle part, en moins d'1/4 d'heure, quelqu'un nous rejoint, souvent en enfant, complètement essoufflé, qui a sans doute dû repérer la voiture ou un mouvement au loin. Les piques-niques consistent en  une "vache qui rit", du pain rond, une boite de sardines pour trois, et des dattes. Les jours de fête nous améliorons cet ordinaire avec des olives ou une boite de maquereaux ou encore du chocolat !! Huuummm! Les montagnes nous attirent. Il y aurait bien la possibilité de rester plusieurs jours ici à faire des randonnées... mais le sud nous attend.

"D'autres mosaïques" par Laurence - Marrakech - nov 2001

"D'autres mosaïques" par Laurence - Marrakech - nov 2001

Dimanche 2 déc - descente sur Tiznit. N'arrivez surtout pas du mauvais côté à moins d'aimer être agressés. Comme nous refusons les guides improvisés, on nous traite de racistes. Pas très sympas comme accueil mais heureusement c'est très local. On visite en 1/2 heure. Achat de cassette de musique locale pour écouter dans la voiture. Puis descente encore vers le sud  jusqu'à Guelmin ou plus exactement jusqu'au Fort Bou Jerif. Il faut parcourir 34 km de routes défoncées et 6km de pistes - nos premiers essais sur pistes. Le trajet est stressfull (leçon d'anglais d'Anne qui s'ennuie pendant nos leçons d'italiens, donc s'est mise à l'anglais), car pas question de rouler sur les pistes de nuit. 17h35, le soleil va se coucher, on n'a pas encore atteint les gorges (qui, parait-il, sont belles) à pistes, 17h40, ah les voici,  j'accélère malgré les pierres qui rebondissent  sous les roues,18h20 nous voilà après 40minutes pour ces 6km, mais il ne fait pas nuit !! Bizarre ? Nous réalisons que les 500km que nous avons fait vers le sud nous a donné un sursis d'une bonne 1/2 heure de jour de plus. Et c'est bien notre chance pour ce soir. Encore un endroit idyllique où il ferait bon rester quelques jours de plus (à la différence qu'il n'y a rien autour que le fort pour nous loger et les cactus à admirer et donc pas moyen de faire de courses pour manger). Check-up de la voiture : revissage de toutes les vis, vérifications des niveaux... Tout va bien. Balade dans l'oasis, au vieux fort français (voir à nouveau "le désert des tartares" pour l'ambiance).  Plus de temps nous aurait permis d'aller vers la mer. Mais il faut beaucoup plus de temps. Voyez ce groupe d'espagnols qui est parti et n'est revenu qu'à 5h du mat au lieu de 9h du soir. Ils se sont bien perdus. Je récupère des infos pour faire des tours en moto par les pistes du Maroc. Nous restons une journée de plus au fort. Et oui à ce rythme là, nous n'arriverons pas en Mauritanie avant la Noël. Mais nous n'avons pas de contrainte de temps et la tente berbère nous tend les bras. Il ne manque plus que la chicha

"Cape masculine face à la mer" par Laurence - Essaouira - 28 nov 2001

"Cape femminine face à la mer" par Laurence - Essaouira - nov 2001
Mardi 4, mercredi 5 déc - réveil 6h30, départ 7h45. 500km de routes plein-sud. Mais d'abord revenir à la civilisation : prendre la piste la plus marquée ! Mouaih ce n'est pas évident. A droite à gauche, à droite à gauche... ? Nous finissons finalement par retrouver le goudron. Puis tout droit vers le désert. Vers le sud. Tout droit c'est symbolique car la route est sinueuse, pour éviter les dunes, les collines de pierres... Nous faisons route avec, à donf, la musique marocaine achetée à Tiznit. Ambiance oblige. Même sur ces routes désertiques, les flics rodent et il faut respecter les limitations de vitesses. 100km/h dans les grandes lignes droites infinies, 40km/h dans les villages. Après quelques contrôles de police où nos passeports disparaissent à chaque fois 1/4 d'heure dans une petite hutte (un flic y tape à la machine à écrire de l'an 40, toutes nos coordonnées en n'oubliant pas nos métiers et notre statut), nous faisons halte le long de la route, coincés entre 2 dunes pour la nuit.  Puis à nouveau 500km de route plein-sud. Pas de "s" à route et pas de risque de se tromper : une seule et unique route (et des pistes) et des bornes tous les km. Vous allez me dire que c'est monotone... Et bien non. C'est vrai, c'est désertique : mais on y rencontre moult falaises, criques ou dunes se jetant dans la mer. Les trois sportifs français en vélo, que nous rencontrons sur cette route avec le même objectif (La Mauritanie), vous diront peut-être le contraire. La carte nous indique que nous avons passé les pointillés de la limite avec le Sahara occidental, au niveau d'un bled de 4 maisons. L'arrivée sur la presqu'île de Dakhla est magnifique. Dans la baie, l'eau est d'un bleu de lagune, la roche est rouge, et le sable blanc. "Ca vaut le détour" pourrait dire le "Routard" mais n'a sans doute pas été jusque là. 

"Panneau routier dans le désert" par Laurence - Sahara - déc 2001"Panneau routier dans le désert" par Laurence - Sahara - déc 2001"Panneau routier dans le désert" par Laurence - Sahara - déc 2001"Panneau routier dans le désert" par Laurence - Sahara - déc 2001"Panneau routier dans le désert" par Laurence - Sahara - déc 2001"Panneau routier dans le désert" par Laurence - Sahara - déc 2001"Panneau routier dans le désert" par Laurence - Sahara - déc 2001

Jeudi 6 déc - jour de visite des administrations pour pouvoir passer demain en Mauritanie.  Sûreté Nationale pour faire tamponner les passeports de sortie, Gendarmerie pour s'inscrire au convoi, Douane pour déclarer la sortie du véhicule.... Ils sont très rapides, bien rodés, depuis 1992 date à laquelle les douaniers avaient vu débarquer des aventuriers qui voulaient vers route vers la Mauritanie. C'était bien la première fois... et les douaniers ne savaient vraiment pas quoi faire de ces touristes non prévus. Par contre chacune des ces administrations se trouve à des lieux différents dans la ville. Une connaissance approfondie de la ville nous serviraient bien pour les trouver rapidement. Mais ce n'est pas notre cas. Donc une visite de la ville s'impose. La ville a poussé comme un champignon. Ce devait être un joli petit village avant, autour du marché (couvert ! Sans doute à cause de la chaleur et non de la pluie) avec ses maisons blanches à 1 ou 2 étages de pécheurs. Mais les immeubles, hôtels modernes en béton, ont poussé (heureusement ou malheureusement car c'est la première chose que l'on voit) vers le nord uniquement puisque le vieux village est au bout de la péninsule.

"Mosaïque" par Laurence - Marrakech - nov 2001

 

Vendredi 7 déc - départ en convoi. Rdv à l'entrée de la ville à 11h mais nous ne nous y pointons qu'à 12H30. Le flic nous avait dit "11h, 11h30, 12h  comme vous voulez...". Une centaine d'autres véhicules de tous genres sont au rendez-vous. Il n'y a que 2 205 et quelques autres petites voitures, les autres sont des camions chargés à bloc, des grosses voitures genre Mercedes, des bus de touristes,  des 4*4... les cyclistes seront obligés de squatter dans les camions.   Départ de la ville effectif vers 16h30. A savoir pour la prochaine fois : l'attente, infernale sous le soleil, que les douaniers soient prêts et aient contrôlé tous les véhicules, peut se transformer en une pause très agréable sur la plage en marchant seulement 3 minutes le long du dernier mur de la ville ! Le convoi n'est plus vraiment un convoi puisque chacun roule à la vitesse que le peut son véhicule et personne n'attend personne. A 19h30, notre 205 a enfin parcouru les 250km sud du Sahara (route parfaite mais bordée de mines anti-personnelles bien enfouies sous le sable et où nous trouvons 3 stations bien fournies en pétrole ET essence) et nous sommes exactement à 20km de la frontière Mauritanienne. Tout le monde pose le campement, surveillé - pas question de faire demi-tour, ni de disparaître dans le désert. Si, par malheur, on s'éloigne un peu trop à pied (pour faire ses besoins par exemple), on est sifflé de revenir.  Imaginer l'état du campement. Le même espace est utilisé 2 fois par semaine par 200 véhicules ? Cette nuit je dors à la belle étoile au pied de la voiture. Mais à 3 heures du matin, gros flip, des chiens se battent non loin et j'ai peur qu'ils m'attaquent. Je rentre vite fait dans la voiture avec sac de couchage et matelas. Je finis ma nuit sur la banquette arrière. C'est plus sûr.  Réveil sans précipitation. Nous nous remettons en longue file indienne sur les quelques derniers mètres de goudron, pour arriver encore surveillés de militaires marocains jusqu'à...

"Mosaïque" par Laurence - Marrakech - nov 2001

 

... la frontière avec la MAURITANIE.

La 205 a passé les 232 900km. Le passage...

... de cette frontière se fait au milieu de nulle-part. Plus de route mais surtout plus de piste non plus !!   Les douaniers mauritaniens sont venus, à travers le désert tout exprès, pour viser les passeports. Installés dans leur 4*4 et sous une vague tente construite en rails de chemin de fer. Nous avons oublié d'emmener de 'petits cadeaux' pour éviter de payer des taxes qui n'existent pas. Alors nous payons. Puis nous récupérons le guide mauritanien, Soufi, qui va nous guider sur les 380km du banc d'Arguin - no man's land et multiple bird's land, jusqu'à Nouakchott. Nous formons un groupe de 6 voitures : 2 205, 2 4*4, 1 Volkswagen, 1 Ford. L'autre 205, ce sont les 2 frères, Matthieu et Manuel qui ont presque déjà fait le tour du monde avec elle. Ils ont l'intention de la descendre jusqu'au Burkina-Faso pour changer quelques pièces et rajouter 500000km au compteur. Ce qui lui fera 1million de km. Si si vous avez bien lu. A bord de la Volkswagen, Torsten allemand garagiste, tout seul, qui descend en Gambie et qui va faire le trajet Allemagne-Gambie en moins de 9jours, ce sera son record. La VW est tellement chargée à bloc, de matériel qu'il rapporte à ses copains, qu'elle touche presque le sol à l'arrière. Dans la Ford, Elage le sénégalais et Reinier ex-prof d'auto-école (ça tombe bien)  portugais-hollandais, on a du mal à comprendre d'où il vient. C'est la 15ième fois qu'il fait le voyage. Il achète des voitures pas chères en Europe (jusqu'à dire même invendables) et les revend en Mauritanie, au Sénégal, Mali, Burkina-Faso... cette fois-ci ce sera au Ghana. Dans un des 4*4, équipé à la dernière pointe de la technologie avec feu de cuisson, tente sur le toit, chaise transat, néon pour l'extérieur..., Franck, et sa mère, allemands. La mère va s'arrêter au Sénégal. Le fils récupérera sa copine et continuera vers le Mali. Et enfin dans le dernier véhicule (4*4), Guillaume (en chaise roulante) et Christine les anglois-biarro. Ils sont rodés. Ils ont déjà fait le trajet il n'y a pas longtemps en 504. Et d'autres trajets vers les indes. Rien ne les arrêtent. Pas froid aux yeux. Bref nous sommes bien entourés pour notre premier passage.

"Femme en mouvement" par Laurence - Chinguetti - 14 dec 2001

Et voilà pour tous et surtout pour nous l'aventure commence vraiment. Passera, passera pas ? Qui parie ?
3 jours : C'est le temps qu'il faudra pour traverser les 200km de steppes sableuses, les 20km de (vraies) dunes, et enfin les 160km de plage. Après quelques petits ensablements ( pas trop galères car nous sommes 10 à pousser), le dégonflage des pneus à 3 reprises sous les ordres de Soufi et des conseils des pros du groupe, nous avons bien progressés dans la conduite. Tous les 3, nous nous prenons maintenant pour des vrais pilotes de rallye (voir les images du Paris-Dakar et vous aurez un aperçu). Il faut rouler vite, chercher sa route très rapidement entre les plantes et les passages sableux, ne pas freiner même pour s'arrêter sinon la voiture s'enfonce, ne pas s'arrêter dans certains endroits, tourner le volant à droite à gauche à droite à gauche tout le temps pour sortir de ses propres ornières. Quelques arrêts forcés : ensablements (ok nous avons encore des progrès à faire), le ventilo du radiateur se débranche, puis la plaque de protection de carter se détache. Campements à la belle étoile et ambiance mauritanienne assurée grâce à Soufi, en tunique bleue à dentelles blanches traditionnelles, qui nous fait thé sur thé mauritanien (comme il se doit = 3 tasses à chaque service) à chaque arrêt et les soirs, sur un petit feu de bois. Véridique : il pleut 2 soirs de couchage dans le sahara. Pas beaucoup, pas longtemps, des petites gouttes mais suffisantes pour que le sac de couchage soit mouillé. Soufi n'hésite pas pour nous guider. Le chemin est-il marqué par tous ces vieux pneus déjantés, de camions, que l'on rencontre régulièrement ? Non, simplement Soufi connaît et sent le désert. Après une journée dans le désert, l'eau n'est plus fraiche. C'aurait été bien pour la douche mais nous décidons de rester sales jusqu'à Nouakchott... au cas où. Manuel nous apprend un truc   pour rafraichir un liquide dans une bouteille très facilement. Entourer la bouteille d'un chiffon humide, mettre cette bouteille dans le vent pendant 1/4 d'heure (ou bien la tenir sur le toit de la voiture quand elle roule) et le tour est joué. Et ça marche !

200km de steppes : la mer n'est sans doute pas loin puisque nous sommes dans le banc d'Arguin. Mais l'impression est d'être en plein milieu du Sahara à 2000km de la côte. Le paysage ressemble à des steppes, plaines de pierres et dunes de sable par chaîne. Dans les plaines, nous sommes grisés par la vitesse (bien que notre vitesse maximum soit de 60km/h). Pour en profiter à fond tous les 3, l'un de nous s'assoie sur la portière droite, fenêtre ouverte, les cheveux dans le vent, accroché à la galerie. Image de catalogue : 5 voitures et le sable soulevé à l'arrière qui montre la vitesse. Dans les passages un peu moins... plats, nous sommes grisés par la technique. Anne, un peu plus intimidée au début, finit par s'y mettre comme tout le monde. Nous circulons entre quelques arbustes très bas, à branches lisses et blanches, sans une feuille, les racines très larges pour retenir l'eau sans doute. De temps en temps nous rencontrons aussi de vieilles carcasses de voitures abandonnées mais décarcassées au maximum. Tout sert. Lors d'un arrêt, je monte sur une dune pour voir la vue. La dune n'est pas haute mais tout est plat et ces quelques mètres de hauteur de sable suffisent à boucher les horizons. Derrière cette dune, je découvre une carcasse d'une 4L abandonnée. Comme mangée par les termites. Il n'en reste vraiment que les montants (Matthieu et Manuel ont bien regardé, il n'y a même plus une vis platinée). Les propriétaires se sont-ils perdus car ils ont pris au Sud de la dune au lieu du Nord ? Se sont-ils ensablés sans pouvoir en sortir ? Ont-ils crevés un pneu ? Ou tout simplement la voiture est-elle tombée en panne ? Le spectacle de cette carcasse verte et bleue au milieu de nulle-part est assez étonnant et pas très rassurant. Nous retiendrons qu'il faut partir avec un guide et en groupe, partir avec les équipements adéquats et vérifier l'état de la voiture. Soufi nous raconte. Un autre groupe, dont une moto. Le motard s'ennuie un peu au rythme des voitures qui s'ensablent. Pour s'occuper, il monte et descend les dunes. Et puis une fois il ne revient pas. Soufi partira avec une voiture pour le chercher. Avec pour recommandations à ceux qui restent de ne pas bouger. Il lui faudra une journée pour le retrouver. Il était bel et bien perdu. Il avait pris une dune de trop et puis il avait tourné tourné sans savoir. Il a eu chaud (au sens figuré ET propre).

20km de dunes : Soufi ne nous prévient pas que nous rentrons dans les dunes, sans doute pour ne pas nous effrayer. Le seul indice : le rythme de conduite devient encore plus soutenu. Ici nous n'avons plus le secours du sol un peu dur des steppes pour les arrêts. De temps en temps, il faut monter 10 mètres dans le sable mou pour redescendre 20 mètres de l'autre côté. A fond la caisse. Dans le sable. C'est vraiment distrayant. Nous ne nous rendons à peine compte que nous aurions pu nous ensabler de multiples fois. Pas d'arrêt nous a dit Soufi, ne pas ralentir. Nous contournons une sorte de lac vide (c'est en fait une baie de la mer qui s'est retiré avec la  marée descendante). Et puis une dernière dune, et nous voilà le long de la mer. Nous commençons tranquilles par une piste un peu aménagée par les pêcheurs. Quelques tous petits villages le long de la rive avec pour accueil, les décharges malheureusement. Les enfants courent le long des voitures. Nous posons notre dernier campement à la sortie du banc d'Arguin après avoir payé la taxe. Tôt le matin, au levé du campement, le désert d'un côté et la mer de l'autre, j'en profite pour faire une petite baignade, histoire de me rincer. A cause de la lame de fond qui coure tout le long de la côte atlantique en Afrique, il est cependant très dangereux de s'éloigner de plus de 2m. La baignade est courte mais très plaisante.

160km de plage : Demain matin nous avons le choix entre prendre la piste en tôle ondulée ou bien continuer sur la plage avec le risque de laisser la voiture dans la mer à la fin de la journée. Comment choisir :

- la piste ondulée ne présente que 2 désavantages : c'est une piste ondulée. Et ceux qui ont déjà fait de la tôle ondulée comprendrons pourquoi. Et paraît-il, cette piste ne comporte pas beaucoup d'intérêt pour le paysage.

- La plage a beaucoup d'intérêt mais beaucoup de points d'interrogation sur le fait qu'on peut passer ou non. Il faut que la marée soit descendante et commence le matin. Et que le coefficient soit suffisamment fort. Sinon... pas assez de plage disponible, pas de passage au fameux rocher, pas de possibilité d'arriver à temps à Nouakchott et pour sortir de l'eau. Grâce au bon conseil de Patrick (voir les conseils pratiques), j'avais eu soin de vérifier les heures de marée dans les cybercafés de Daklat. J'ai pu confirmer à Soufi que la marée commençait le matin.

Nous choisissons donc la plage - les circonstances étant presque avec nous.  La marée est descendante. La plage se dégage pour nous. Il faut partir vite pour arriver à ce fameux rocher pas trop longtemps après le début de la marée descendante car sinon le sable sera trop mou. Et pas avant non plus sinon il sera encore recouvert d'eau. Nous roulons fenêtres ouvertes malgré les claques de vagues salées. Nous y voilà. Juste à temps. Ce fameux passage est effectivement très sensible. Les collines nous empêchent de remonter vers l'intérieur des terres. Heureusement toutes les voitures tournent, braquent dans ce "S" et passent sans trop de difficulté, peut-être grâce à nos cris d'encouragements (Ca doit aider les conducteurs sans doute ?). C'est Anne qui passe avec la 205 et elle le fait mieux qu'un expert. Nous admirons des mouettes par milliers, des hérons, des énormes vautours bien nourris et d'autres oiseaux dont je ne connais pas le nom. On attrape le mal de mer comme sur un bateau à cause de ces ondulations régulières perpendiculaires à la mer. Mais ça vaut mieux que 160km de tôle ondulée. Arrivée sur Nouakchott. La plage est bondée de barques africaines de toutes les couleurs, qui nous regardent avec leur gros yeux. Les pros connaissent le seul petit passage perpendiculaire, vers les routes intérieures. Les locaux ne nous aident pas. Ils le feront seulement en cas de nécessité et pour beaucoup d'argent. Là aussi, le passage est sensible. 20mètres à faire dans 30cm de sable. Les 4x4 passent de justesse. Et heureusement pour nous car toutes les autres voitures vont s'ensabler. Nous utilisons la superbe corde fabriquée de ceintures de sécurité mises bout à bout de  Torsten. Il est allé les acheter dans des casses européennes. Idée géniale. 30 m de cordes qui vont nous sauver notre porte-monnaie.

"Dromadaire assis" par Laurence - route de Mauritanie - déc 2001

Lundi  10 déc au soir - Nous voilà à Nouakchott de l'autre côté du Sahara. Nous l'avons traversé ! Sans tricher. Enfin juste un peu : on avait déchargé les sacs et bidons dans les 4*4. La voiture a fait le trajet très brillamment à travers les dunes, les buissons, les pierres, la plage... Martin a une barbe de 3 jours et Anne et moi le forçons à la garder jusqu'au 1er janvier. Ici nous trouvons de vraies plaques de désensablement qui nous serviront sûrement par la suite. Les planches de chêne n'ont finalement pas servi. Car, il faut bien dire, nos compagnons étaient autrement mieux équipés : De vraies plaques de désensablement, des pelles, des cordes... tout l'ultra nécessaire. Nous nous en débarrassons car, de plus, elles surchargent (Je sais, qu'elle ingrate je fais). Enfin elles auront au moins le mérite d'avoir voyagé.

Les leçons d'italiens en prennent un coup depuis 5 jours : pas moyen de lire,  ni le temps. C'était vraiment ottimo. Anne et Martin aussi ont trouvé le trajet tellement amusant qu'ils pensent remonter avec la voiture, uniquement pour refaire ce trajet.

Nouakchott : ville surprenante, car en dehors c'est la décharge publique et les bidonvilles et en dedans, c'est assez moderne - à part les trottoirs en terre. Y'a même des femmes seules dans les cafés et dans les cybercafés et qui fument en plus. Martin achète une cassette audio de Manu Chao car... il craque à écouter toujours la même cassette de musique marocaine. C'est vrai qu'à la longue c'est un peu, un peu, comment dire, un peu énervant, cette musique à laquelle on n'est pas habitué. Le reste du voyage se fera avec Manu. Passage au bureau d'assurance pour la voiture.

Mardi 11 - Nous traînons en ville et dans la cour de l'hôtel. Grand nettoyage de la voiture qui a une couche de 3mm de sel sur la carrosserie, dans le moteur et sous la voiture. Mise à jour du site web au cybercafé ultra moderne – Windows 2000, front page, …. Le frein à main reste bloqué. Avec nos co-voyageurs-garagistes, nous essayons de réparer. Mais à partir de ce jour, il nous faudra tirer sur le câble de frein sous la voiture derrière la roue, avant de rouler pour ne pas faire chauffer trop la jante.

Mercredi 12 - Départ vers Atar- Dès la sortie de la ville, dunes, khaimas (blanches tentes berbères), troupeaux de dromadaires blancs, ânes et chèvres. De temps en temps, grandes steppes et je m’attends à voir surgir un lion. Campement à la belle étoile (non il n’y a pas de lions). Douche chaude, devant le coucher de soleil, grâce au bidon de 20litres et la température dans la journée qui suffit à chauffer le bidon. Ce soir, c’est pâtes à la tomate. Le patron de l’hôtel de NKT nous a prêté une casserole. En 20 minutes de feu, elles sont prêtes et bonnes. Ca nous change des sandwichs aux sardines.

"Etude de dromadaires" par Laurence - route de Mauritanie - déc 2001

Jeudi 13 - levé du soleil à 6h50 derrière les montagnes. Un âne brait au loin. La lumière est superbe. Un petit hic : les mouches qui nous envahissent dès le réveil. A 9heures il fait déjà très chaud. Route à travers des montagnes noires puis retour au désert. Aujourd’hui nous devrions pouvoir monter au paradis = oasis à la température idéale de 20degrés et avec source d’eau tiède. 7km de piste de cailloux pointus. Nous nous lançons. Mais après 1km, 1ère crevaison. Il faut faire demi-tour. Ce paradis n’est pas à portée d'une 205 Junior !!

Nous rencontrons les cyclistes. Vous savez ceux du mercredi 5. Pour en savoir plus sur eux et leur projet, vous pouvez aller voir leur site web : http://eaucoeurdumonde.com/. Cette fois-ci il leur manque la pharmacie (la dernière fois c’était les outils  – mais léger est leur mot d'ordre). Nous ne nous arrêtons pas à Atar et attrapons la piste vers Chinguetti. Il faut monter sur un plateau, en haut des grandes montagnes noires. La voiture peine et monte à 10km/h avec tous les bagages et bidons divers. Heureusement, les mauritaniens ont eu la bonne idée de goudronner cette partie. La montée est tellement rude que, quand nous nous arrêtons pour voir la vue, un de nous est obligé de garder le pied sur le frein car la voiture ne tient pas la pente malgré le frein à main et la vitesse. Pour le démarrage Martin plonge sous le volant pour appuyer sur le frein pendant que j'essaye d'accélérer. Nous trouvons une petite butte idéale pour nous cacher de la route. Campement à nouveau à la belle étoile sur le plateau qui redescend doucement vers le désert. Grand feu mais pas de pâtes. Nous faisons dans la sardine à nouveau. Nous brûlons nos déchets.

"Dromadaire de face" par Laurence - route de Mauritanie - déc 2001

Vendredi 14 déc - réveillés par le lever de soleil et plein de petits oiseaux blancs qui chantent dans les maigres branches de buissons qui nous entourent. Sur les derniers 40km vers Chinguetti, nous croisons un coureur à pied. Quel courage ! En fait, nous allons en rencontrer d’autres. Ils font les 333 km entre Ouadane et Atar non-stop. Avis aux amateurs de chaleur, cette course à lieu tous les ans (voir le site d’un participant http://perso.club-internet.fr/jppmds/Mauritan.htm pour plus d’infos). Moi je les plains vraiment. Le jour, il fait chaud, très chaud mais le paysage est beau. La nuit, il fait frais, mais noir, noir. Le premier est déjà arrivé et c’est une femme qui a fait les 333km en 70heures, après être partie le mardi à 17h.

Chinguetti, vraie ville des sables. Petit à petit elle se déplace, au grès des dunes qui arrivent du Nord, Est et Sud. Certaines maisons sont devenues inutilisables. Nous déjeunerons dans les dunes puisqu’elles sont là. Au cours de notre promenade dans le village, un habitant nous fait visiter sa maison. Quelle fraîcheur à l'intérieur ! Non ce n’est pas l’acclim. Ici il n’y a ni eau, ni électricité. Les fenêtres des maisons sont au ras du sol… et c’est efficace. De jeunes filles coquettes me demandent de les photographier et de leur envoyer les photos. Un peu utopique puisque qu’elles n’ont pas d’adresse postale. J’essaierai tout de même. Elles sont très belles dans leurs voiles légers et multicolores. La 2ième particularité de Chinguetti sont les bibliothèques du désert. Manuscrits vieux de 13 siècles…. C’est émouvant. Derrière quelques murs de terre, dans ces petites pièces non meublées de la ville, quelques étagères (nouvelles), et ces manuscrits. Le dicton de cette famille est : "La connaissance est une fortune qui n'appauvrit pas celui qui la donne". Retour dans les dunes au coucher de soleil. La couleur a changé. A midi en plein soleil, le sable était blanc. Maintenant c'est orange. Et quelques minutes plus tard ce sera rougeoyant. Drôle de bruit à l'arrière de la voiture. Nous ne savons pas d'où il vient. Re-campement à l’extérieur de la ville à la belle étoile. Nous essayons de retrouver le campement d'hier soir mais tout se ressemble. Etais-ce après cette montée ? Non. Après cet arbre, non plus. Allez on se pose n'importe où. C'est idéal partout finalement.

"Dromadaire mangeant" par Laurence - route de Mauritanie - déc 2001

Samedi 15 - aujourd’hui pas de soleil et il fait froid. Si vous êtes en Europe, vous allez rigoler. Il fait froid quand la température est en dessous de 19 degrés. Retour sur Atar et visite de son marché. Il est original. Petites boutiques en enfilade dans un couloir. Pas de vitrine et à l’entrée un tapis sur lequel les vendeuses sont assises et attendent le client. Nous montons dans un autre oasis, Azougui. Nous sommes très bien reçus par le gérant Sabar du campement qui finalement nous installera presque gratuitement chez lui. Recherche du pourquoi de ce drôle de bruit à l'arrière de la voiture. Après avoir enlevé tous les sacs,  Martin s'aperçoit que c'est - tout simplement - le train arrière qui était complètement dévissé. Et bien, nous avons failli le perdre ! Ce aurait été du joli. 1h du mat, la pleine lune est annoncée officiellement à la radio. Pourquoi dis-je ça ? Car les musulmans attendaient ce message avec impatience et donc se réjouissent : c'est le signe de fin de Ramadan.

Vendredi 16 -  Sabar nous invite chez lui à assister à la fête de fin de Ramadan. Fête est un grand mot. Ce jour là, les hommes partagent un repas  très calme sous la tente berbère. Ils ont  sorti leurs plus beaux atours : nouveau draa. Les femmes ne sont pas conviées. Le repas est long et délicieux : commencé par le fameux thé mauritanien (ceux qui ont suivi, se rappellent qu'il y a 3 tasses à boire), on se lave les mains puis on boit du zrig (lait de brebis caillé au goût de yaourt). L'entrée consiste en des dattes avec beurre de lait de zrig. Délicieux. Et vient enfin le fameux Méchoui. Aujourd'hui l'agneau avait 20 jours. Il est servi avec de la macédoine, du foie et des oignons. Délicieux.  Et tout ça de la main droite.  Donc relavage des mains puis thé mauritanien (les 3 tasses si si) à nouveau en guise de trou normand car ce n'est pas fini. Un énorme plat de mouton au riz arrive. Re-lavage des mains pour manger de la main droite. Rinçage de la main droite à la fin du plat. 3ième tournée de thé. Pour ceux qui n'aiment pas le thé ça devient une vraie torture. Puis toute l'après-midi on jouera au sick, jeu de battons. Je ne vais pas expliquer les règles ici car je n'ai pas tout compris. Mais c'est rigolo. On joue avec des crottes de chameaux. Cette fois-ci les femmes sont dans le coup, et ont aussi sorti leurs plus belles mehlfas. La jeune fille du gérant nous fait un ballet de charme avec ses talons hauts. Elle est toute fière de sa robe.  Pour le dîner, nous sommes à nouveau invités à dîner chez Sabar. La tente a baissé ses volets, toiles de tissus tout autour pour protéger des insectes divers et de la brise qui glace le sang. D'autres locaux sont là. Grandes discussions en Hannani (non nous ne comprenons rien).

Lundi 17 - Nous repartons d'Azougui sans avoir profité de ses gueltas (lacs d'eau chaude), de ses peintures rupestres ni des gorges. Bref il faudra revenir. Retour sur Nouakchott en une journée. La route est bonne. Martin s’amuse à klaxonner à chaque fois que nous rencontrons des dromadaires qui ne réagissent qu'en tournant vaguement la tête vers nous d'un air étonné. Que Martin imite très bien d'ailleurs.

Nouakchott, un nouvel équipage est arrivé du no-man's land. C’est marrant de les voir fatigués mais heureux d’avoir fait ça. Ils sont lessivés, tous moux, sales et un peu tremblants mais leur visages rayonnent.  On devait avoir les même têtes à notre sortie de la plage il y a une semaine.

"Dromadaire sur panneau" par Laurence - route de Mauritanie - déc 2001

Mardi 18, mercredi 19 - Visite du marché où les locaux m'interdissent de prendre de photos … à cause des détritus. Le marché est coloré de voiles légers en sorte de tulle un peu rêche pour le vêtement des femmes - et de toiles en coton bleu à brodage blanc pour le vêtement traditionnel des hommes. C'est vrai que, entre les étalages, sur le sol brut, quelques papiers journaux qui ont servis d'emballage traînent par ci par là. Ca ne me choque pas. C'est l'ambiance "marché" après tout. Notre 2ième activité de la journée sera une Grande Quête à travers la ville et les banlieues pour essayer d'acheter un pneu neuf. Ici il n'y a pas de pneu si petit (une recommendation donc : ne pas partir avec une voiture équipée de pneux 135 R13). Nous allons faire environ 30 réparateurs de pneus - heureusement ils pullulent. Souvent installés entre 4 murs à même le sol. Les 4 murs servent à protéger les grandes piles de pneus et jantes divers, plus ou moins bien rangés, le compresseur de l'an 40 et les quelques outils qui permettront de changer le pneu . Finalement un seul aura enfin LE pneu adéquat. Attention PAS NEUF. Il est de 2ième main ou peut-être même plus.  Il faudra bien 1h d'heure d'attente pour récuperer notre pneu = pour les 2 mécaniciens 1/4 d'heure de vérification de l'état du pneu choisi - en bas d'une pile, 10 minutes pour le monter et 35 minutes pour le gonfler - là on réalise que sans équipement moderne c'est extrêmement difficile d'installer un pneu et le regonfler. Passage à l'ambassade française pour faire les visas pour le Burkina-Faso et la côte d'ivoire gratuitement. Je n'aurais pas le temps d'en profiter pendant ce voyage mais ils sont valables 6mois. Passage à l'ambassade du Mali pour acheter le visa. On nous renseigne sur la route à suivre. 3 chemins, tous 3 sablonneux. Celui du milieu devrait passer avec une 205 selon les dires du chauffeur de l'ambassadeur. Mais d'autres nous recommandent de ne pas le faire. A qui va-t-on se fier. A notre instinct, finalement. Coucher de soleil rougeoyant comme je n'avais jamais vu, sur la mer. Pas jaune, pas orange, pas vaguement rouge. Mais rouge vif comme le sang frais.

Jeudi 20 déc - En ville nous rencontrons 4 français qui viennent dans l'autre sens. Ils sont montés du Mali en 4L. Ca nous donne du courage pour partir vers le Mali. Nous partons pour la "route de l’espoir". Appelée "espoir" car elle a été construite pour intégrer les mauritaniens qui vivent à 1000km plein-est de la Mauritanie. Dès qu’on sort de la ville, les dunes prennent vite la place. La route est belle et ondulée. Juste après Boutilimit, comme on peut le faire partout en Mauritanie, on prend sauvagement perpendiculairement à la route pendant quelques minutes pour trouver une position pour le campement. Mais, petite erreur de jugement cette fois-ci, nous nous ensablons. Ca veut dire : dégonfler les pneus, dégager le sable, remonter la voiture, poser les plaques, pousser... et avancer d’un mètre, puis recommencer... dégonfler les pneus, dégager le sable, remonter la voiture, poser les plaques, pousser.. Il nous faudra 1heure pour en sortir. Nous sommes épuisés.  Ca tombe bien nous allons nous coucher après avoir fait un concours de lancer à la bouche  de noyaux de dattes dans la nuit. Peut-être y aura-t-il une palmeraie plus tard sur la place de notre campement ?

Vendredi 21 - 7h les ombres des dunes sont inversées par rapport à hier soir. Retour de quelques kilomètres pour regonfler les pneus qui sont tellement à plats qu'on a l'impression qu'ils sont crevés - je n'ai pas été de main morte hier soir. Leçon à retenir donc : ne jamais dégonfler les pneus sans nanomètre ! Re-route vers l’est. Mais la route n’est pas bonne. Et c'est sûrement un pléonasme. Elle est carrément mauvaise. Trous, sable, pierres... feront que nous mettrons plus d'une journée pour faire les 100km de cette route pire qu'une piste. Les contrôles de police aussi nous ralentissent. Mais en ce moment, « Français » doit être un mot de passe. A l’annonce de notre nationalité, on nous rend nos passeports et c’est reparti. Campement avant les montagnes d’Ajkout. Les arbres sont vivants. C'est étrange. A mon passage de nuit à côté, les arbres bruissent et se hérissent. Brouhh je ne suis pas rassurée. Je dors dans la voiture les fenêtres fermées pour éviter je-ne-sais-pas-quoi. Et donc j’ai eu très chaud. Test d'italien après les 10 premières leçons. Martin fera 5 fautes/40 et moi 6/40. Leçon 11 d’italien. Il colore della terra è rosso e bello. Cos'è questa casa ?

Samedi 22 -le vent a soufflé toute la nuit. Et continue de souffler de plus belle. Partie de cerf-volant pour Anne. Nous découvrons pourquoi les arbres sont vivants : de gros gros gros criquets les ont envahis par milliers. Nous passons enfin la fin des 100km de mauvaises routes où il y a de nombreuses voitures en panne. Et nous aussi nous y cassons pas mal de trucs : pneus, freins, pot d’échappement. Plus loin un oasis et des tentes berbères sur (jolis) pilotis cette fois-ci.  A Guerou, le douanier nous demande le certificat sur l’honneur de ne pas vendre le véhicule. 100 mètres plus loin, un autre douanier veut nous acheter la voiture. Piège ?

Après Kiffa, le paysage change et maintenant forêt de genêts à perte de vue et petites herbes sèches partout. On ne peut pas faire de feu, à moins de mettre le feu à la brousse et de créer un feu pire qu'en Australie. Si si nous sommes au courant malgré notre isolement. Martin fricote avec un joli scorpion jaune clair en plantant la tente. Ouf ! il a eu chaud et nous aussi. Tremblants tous les 3, Martin le fait monter sur une branche et nous nous éloignons le plus possible pour aller le déposer au loin.

Dimanche 23 - notre réveil est accompagné de 2 jeunes filles qui nous regardent nous préparer et plier bagage en rigolant. Elles sont assises sur leur talons dans leur robe traditionnelle. Nous resortons de la forêt de genêts pour reprendre la route jusqu'à 300m après un petit village qui est sans doute la piste que nous indiqué le chauffeur de l'ambassade.

Aujourd’hui c’est le départ plein sud pour le Mali. La piste « reconnue et balisée » indiquée sur la carte Michelin est reconnue, soit, mais balisée non et marquée oui. Très marquée par de profondes ornières. Dans le sable. Il nous faut 3h pour faire 20km. Nous nous ensablons et à nouveau manège de désensablement. 3 ensablements où la voiture se pose carrément, les roues dans le vide. Epuisés, nous sommes pleins de sable jusque dans la culotte. Et de cram-cram, petites fleurs, séchées, d'herbes, sèches,  qui s'accrochent aux vêtements avec une facilité déconcertante et qui piquent et pénètrent dans la peau. En fait le jour J n’était pas la traversée du Sahara (avec guide et un tas d’autres personnes) mais cette traversée du Sahel. Nous posons la tente au 3ième ensablement dans un creux de sable. Toute petite douche (1/2 l par personne) pour économiser l'eau car à ce rythme il nous faudra plus d'une semaine pour sortir du Sahel inaccueillant - mais tellement attirant. De plus notre consommation d'eau a largement augmenté. Jusqu'à maintenant nous avions encore une consommation normale d'une bouteille (1 litre 1/2) par personne. Ici, en 1 journée nous avons bu plus de 6 bouteilles, c'est à dire plus de 3 litres par personne. Nous n'avons rencontré personne aujourd'hui, personne, personne, pas même un âne. Nous sommes trop fatigué pour faire un feu. Et puis les herbes sont sèches aux alentours. Trop de risque. C'est à ce moment là que je me rappelle que Soufi nous avait annoncé que les seuls bêtes sauvages et dangereuses sont des hyènes et qu'elles se trouvaient à l'Est de la Mauritanie. C'était il y a 2 semaines. L'Est nous parassait loin. Et maintenant nous en sommes plein dedans. La voiture ensablé, pas assez d'eau et d'essence pour faire les 160km restants. Je passe une nuit blanche à imaginer un trou dans le réservoir, des hyènes dévorant Martin et Anne sous leur tente, le manque d'eau... Martin et Anne, eux dorment tranquillement. A 3heures du matin, la voiture sentant tellement l'essence que je crois réellement qu'il y a une fuite d'essence. Je réveil Martin et Anne qui rigolent. En fait elle a été beaucoup forcée et elle est garé en pente. Ce n'est rien essayent-ils de me reconforter.

Lundi 24 - c’est Noël, mais nous n’y pensons pas du tout – pour le moment. Levé 6h. Grand point d'interrogation : est-il plus raisonnable de faire demi-tour maintenant ou bien continuer à s'enfoncer vers le sud ?   Martin et Anne sont motivés. Ok nous repartons. Départ 7h pour profiter du sol matinal plus dur. D'abord sortir la voiture du trou de sable. Puis encore 160km comme la veille. Il faut avancer et en perspective de nouveaux ensablements, pour sûr. Martin conduit toute la journée au milieu des arbres, arbustes, dunes et ornières. Moi je suis carrément trop stressée pour prendre le volant. Et pourtant ça devient amusant. Martin me demande s'il faut faire attention à la peinture ? Les branches des arbres et arbustes raclent la carrosserie. Non, fonce, vas-y, ça n'a aucune importance. Nous suivons la soit-disant piste et la boussole. Toujours plein sud que nous repérons sur la toute petite boussole de Martin et qui saute dans tous les sens. Pas d’autres repères. Martin zigzague entre les nids d'éléphants, les herbes folles, les pistes parallèles, les contres-pistes et les contres-contres-pistes. Conducteur et passagers serrent les fesses et les mains sur le volant et sur les sièges. Jusqu'à un sol de sable brut. Et c'est l'ensablement à nouveau. Nous n'avons rencontrés personne depuis le départ. Et ici 2 mauritaniens sur des ânes passent. Ouf ! Peut-être vont-ils pouvoir nous aider. Et bien non ils nous regardent pousser (Anne et moi) sans même faire mine de vouloir nous donner un coup de main. En fait, ils ont du être tellement étonnés de nous voir là qu'ils n'ont pas bougé. Avec l'entraînement, nous nous en sortons plus facilement. Martin conduit comme un chef et la piste devient dure.

90km depuis ce matin, nous rencontrons enfin un village et son puits d’eau. Les enfants tourbillonnent autour de la voiture. Ils ont l'air intéressé par les livres qu'ils voient dans la voiture. Mais nous n'avons pas de livre juste des guides. Martin ouvre le capot pour faire rafraîchir le moteur un peu. Notre départ est dangereux pour les enfants car ils courent le long de la voiture. Nous ne les semons car le sable nous ralentit.

11h30, 70km plus loin, Kobinné le soit-disant village frontière. Le flic, en train de faire sa sieste, ne se lève pas. Ce n'est pas ici. Il faut encore continuer. 16h, 37km de pistes plus loin, Modibougou, le voilà le village frontalier. Il faut chercher la douane bien cachée dans le village. On aurait très bien pu sortir du pays sans y passer. Le gablou (douanier) n’est pas étonné de nous trouver là. Nous si. Vague tampon séché de sortie du véhicule sur le passeport de Martin.  Rien à payer contrairement au racket organisé qui se fait avec la frontière sénégalaise. C'est un avantage.

2km plein sud and

here is the MALI.

"Charme africain" par Laurence - Bandiagara - 3 jan 2002
La voiture a 235687km. Le paysage n’est pas différent, le Sahel toujours, mais déjà au puits suivant, la population à changée de tout au tout. Le puits est seul au milieu de la savane. Nous nous arrêtons pour faire le plein d'eau. Des femmes et des jeunes filles souriantes aux fronts décorés de boucles dorées attendent patiemment leur tour pour tirer l'eau. Les tenues traditionnelles sont faites de tissus différents de ceux de la Mauritanie. Elles nous accueillent gentiment. Nous sommes en Afrique Noire. Elle se jètent sur nos 3 bouteilles d'eau vide sans être étonnés que nous soyons venus jusqu'ici. Pour elles, ces bouteilles en plastique semblent être de l'or. Erreur de notre part : nous en avons des dizaines sous les sièges de la voiture mais écrasées. On le saura que ces bouteilles, alias bidons, ici sont précieuses. C'est une bonne chose à donner aux enfants pour la suite du voyage. Nous essayons de communiquer avec ces femmes. Mais nous ne savons pas même dire bonjour ou au revoir. Au loin des femmes, portant sots colorés sur la tête, arrivent gracieusement et doucement dont ne sait où. Instant vraiment magique.

37km encore de Sahel et nous retrouvons la civilisation avec la ville de Nioro. Grande ville entourée par le désert. Nous regrettons de ne pas avoir posé le campement juste avant d'arriver. De profiter plus longtemps des premières maliennes que  nous avons rencontrés. Mais il est trop tard pour repartir. Il fait nuit et conduire de nuit est trop dangereux dans le désert. De plus nous ne nous sommes pas encore déclarés à la police ce qui est obligatoire pour resortir de la ville. Un Malien, Oumar, nous invite à dormir chez son cousin, quand il nous entend nous plaindre du seul campement crado de la ville ! Plus de regret. Réception à la malienne, où nos hôtes nous proposent tout de suite de prendre une douche. Puis Oumar nous emmène dans un super bouiboui, où le cuisinier est à la table des convives, sur le trottoir, tous ses plats en face de lui. Et nous voilà festoyant Noël avec une pintade aux oignons absolument délicieuse. Quoi de plus appropriée ! Oumar pense même à nous allumer une bougie pour faire l’ambiance, et aussi, bien utile pour voir ce que nous mangeont, les rues de la ville n'ayant pas d'éclairage public. Le soir, autour de la veilleuse ambiance encens, dans le salon qui nous servira de chambre toute la famille discute de façon très posée. "Si tu ne m'écoutes pas jusqu'au bout tu ne peux pas savoir ce que je pense, alors laisse moi parler".

Mardi 25 - Le cousin est apparemment un notable de la ville. Il est marié avec 2 femmes et  il le regrette, 2 maisons, 4 enfants... Il nous invite pour le petit déjeuner. Nous engageons une grande discussion sur Dieu et les religions. Le cousin est musulman mais dans un pays ou d'autres religions sont représentées. Il n'est pas fermé à ses propres croyances.

Oumar s’occupe de nous jusqu’à notre départ. Bien que ce soit férié aujourd’hui, le banquier nous reçoit chez lui sans problème pour changer de l'argent, nous attrapons le douanier dans la rue pour faire les papiers. Ainsi que la police. Incroyable ! Puis Oumar nous aide pour les achats, le change, l’essence... Vraiment accueil extraordinaire.

12h30 Sur la route (enfin une route) vers Bamako. Mais à la sortie de Nioro la route est pire que les pistes du sahel. Il faut d'abord franchir 104km de latérite et escaliers sans oublier les éternels trous, pierres et sable. La latérite ? Terre poussiéreuse rouge qui s'infiltre par tous les pores de la voiture, des sacs, des vêtements et de la peau. Et qui, dans les trous, se transforme en mer de sable. Les escaliers ? la tôle ondulée.  Nous nous ensablons dans la latérite, mais cette fois-ci un camion, chargé d’hommes, passe, et 2 hommes en descendent en courant,   à point-nommé pour nous, doublent le camion  (sur cette route ils ne roulent vraiment pas vite), soulèvent et poussent la voiture avec pour cadeau une immense gerbe de latérite, repartent en courant vers le camion qui a doublé, sans demander leur reste et tout ça en moins de temps qu’il ne faut, pour nous, de réaliser que le moteur était posé. Le pot d'échappement rend l'âme en se déssoudant complètement du silencieux. Nous campons un peu avant Djéma. Martin essaye de réparer le pot d'échappement avec du scotch qui fondra beaucoup plus vite que le temps qu'il lui a fallu pour le poser. Grande douche - demain nous serons à Bamako malgré les 360km qui restent mais grâce à une toute nouvelle route. Séance épilation des doigts : les épines de cram-cram, d'il y a trois jours (vous vous souvenez ? ), ont commencé à remonter à la surface. Nous traversons des dizaines de villages que nous avons le temps d'admirer grâce aux ralentisseurs africains. Ils sont radicaux. Il faut passer au pas car ils sont tellement haut que la voiture touche à chaque passage. A chaque fois, nous nous demandons donc si le carter tiendra le coup, la plaque de protection du carter, installée au Maroc, ayant  déjà été abandonnée depuis longtemps quelque part dans le sahel.  De temps en temps, les 2 passagers doivent descendre pour alléger.

Mercredi 26 déc - Danses de centaines de corneilles au levé du soleil. La "nouvelle" route  est déjà inutilisable à cause des escaliers. Les pistes et contres-pistes sont meilleures. Le pot fait un bruit d'enfer. La latérite vole dans la voiture même toute fenêtre fermée ! Mais nous serons quand même ce soir à Bamako vers 18h après 10h de route, les oreilles bourdonnantes (à cause du pot d'échappement) et transformés en peaux-rouge. Nous choisissons hôtel avec Piscine !! A la première douche, les serviettes se colorent de rouge. Il faudra 3 douches et un bon bain dans la piscine pour en être enfin débarrassé. Pour les vêtements, à la main ce n'est pas la peine de lutter. Il faudra attendre la machine à laver et donc le retour en France. dîner au restau chinois !

croquisFemmeMalienne1.jpg (7618 octets)

Jeudi 27 - Tout d'abord l'assurance à faire faire immédiatement. Erreur : nous y allons en voiture. Et nous nous faisons arrêter. Mais le flic est dans son bon jour car il nous laisse partir rapidement.  Nous trouvons une assurance pour 3 mois valable dans tous les pays de la CFA. Super pour Martin et Anne qui veulent continuer. Banque pour les sous - ici il y a des distributeurs !! Mais qui marchent 10min toutes les 1/2 heure. Il suffit d'être patient. Nous nous faisons arrêter car le pot d'échappement fait trop de bruit. ON-SAIT. Nous avons encore le bourdonnement dans les oreilles de la veille. Mais il faut 1/2 heure de palabres pour que le flic nous laisse partir sans amende. Agence pour achat de mon billet de retour en France. J'achète un billet de la compagnie NasAir. Vous connaissez ? Moi non et ça m'inquiète un peu. Enfin on verra bien. Douane pour renouveler le laisser-passer, réparation du pot d’échappement (pendant laquelle un groupe d'hommes nous invite à boire le thé), et … piscine. Moktar, le gérant, nous donne un cours de Bambara. Et, pour le dîner Anne et Martin m’invitent au meilleur restau du Mali pour Noël. Nous fêtons nos traversées du Sahara et Sahel. Nous décidons de rester une journée de plus à Bamako... et à la piscine.

Vendredi 28 - La voiture est nickel-chrome ! Un gentil lutin nous a lavé la voiture pendant la nuit sans que nous ne lui demandions rien. C'est une bonne surprise. Dommage qu'il ne  nous ait pas demandé les clés pour faire l'intérieur :). Nous partons faire réparer les 3 pneus de secours chez Michelin agréé. Pour 130Francs le tout, ils passeront 3 heures à changer un pneu, réparer 3 trous dans un autre et remonter et nettoyer le 3ième. Martin passe un coup de regongle-pneus dans le moteur. Le garage est pour un temps dans un brouillard total. Oups ! Au cybercafé, mise à jour du site web. Dej sur le bord de la piscine, baignades, siestes le long de la piscine, pot sur le bord de la piscine. Dîner à l'Akwaba restau branché avec orchestre de musique africaine. Nous décidons de rester une journée de plus à Bamako... et à la piscine. Si si encore. Peut-être que c'est indécent. Moktar nous offre une 1/2 nuit.

Samedi 29 déc - petit dej autour de la piscine et baignade. Visite du Musée Muso Kunda sur l'évolution de la femme au Mali. Très intéressant. De la calebasse au plastique. On y apprend que Anne est une Pekelé et moi une Yayonoba. Dej au musée de jabaji, zidjila au matou et fonio au poulet. Typique malien. C'est très bon. Sieste le long de la piscine, pot autour de la piscine, baignades multiples, cours de nage-papillon avec un maître nageur tombé pile-poil. Leçon 12 d'italien. Dov'è il centro artisanale ? Dobbiamo andare a visitare e forse per comprare qualcosa. 17h nous partons pour le sud de la ville aller admirer le soleil couchant sur le Niger. Mais en chemin nous nous faisons arrêter  : "Votre carton, là, s'est dangereux là à l'arrière. C'est contraventionnelle tout ça, vous allez nous suivre à la fourrière pour payer l'amende" - "mais ce n'est qu'un carton d'eau", répondons-nous. Il faudra 3/4 d'heure de palabres à nouveau pour pouvoir repartir sans avoir à aller au bureau central ni à payer d'amende. Mais nous avons raté le coucher de soleil sur le fleuve.  Pot avec Moktar et 2 de ses copains Ibé le Dogon et Oumya le Bozo. Bozo et Dogon sont cousins et s'appellent "fiston" entre eux. Nous ne décidons pas de rester une nuit de plus. Mais on pourrait !! C'est tellement gradevole.

Bamako est en effervescence : la CAN aura lieu cette année au Mali. Tout est bientôt prêt. Les routes ont été refaites, un nouveau stade ; un nouveau village pour recevoir les sportifs. Sur les routes une petite participation nous est demandé de temps en temps. Parler de foot à un flic vous rendra tout d'un coup fort sympathique à ses yeux. Le problème pour moi c'est que je n'y connais rien. Pas les noms des joueurs ni les noms des equipes, ni la couleur des maillots.

Dimanche 30 - dernière baignade. Départ 14h pour le Nord du Mali. Nous devons forcément traverser la ville pour sortir. Et évidemment, nous nous faisons arrêter. "Papier ok, feu ok, extincteur ? Non. Ah ! C'est contraventionel ça !"  On vous promet, on y va de ce pas, acheter l'extincteur. Mais monsieur l'agent si vous ne nous laissez pas partir,  nous ne serons jamais à temps pour le nouvel an à Djénné. Cela semble être une bonne raison.  Nous ne passerons qu'1/4 d'heure à palabrer pour ne pas payer d'amende. 500m plus loin, à nouveau nous nous faisons arrêter. Je lui dis tout de suite qu'on vient de se faire arrêter. Il ne nous cherche pas de noises cette fois-ci. Enfin sortis de la ville, nous n'aurons plus de problème de ce genre ensuite. La route est parfaite. Nous roulons jusqu'à la tombée de la nuit. Martin change les bougies. La voiture a du mal à démarrer. Campement à la pleine lune après Ségou. Nous nous couchons alle nove.

Lundi 31 décembre - Il n'y a pas que les coqs qui chantent le matin mais aussi de multiples oiseaux, des vaches, et des chèvres qui se prennent pour des oiseaux. Pendant 300km, nous rencontrons des villages à maisons rondes en torchis sur des rondins de bois. Ce sont des greniers que l'on verra ensuite partout dans le Nord. Nous traversons le Bani, fleuve tranquille. Le paysage est vert et rouge. C'est beau. Sur cette même route, 3 4x4 d'un tour opérateur roulent dans la même direction que nous. Eux s'arrêtent partout pour faire des photos et nous redoublent systématiquement à tout allure (nous nous sentons un peu poussif avec la 205 chargée à bloc). Mais nous serons sur le même bac qu'eux (hé hé) pour passer à Djénné où la 205 fait l'intéressante : Les touristes vont jusqu'à nous filmer et nous prendre en photo. Car le bac n'est pas à proprement parlé au bord du rivage mais à 3 mètres de là et très haut. C'est du sport de monter la voiture. Djénné jour de marché. Coloré. Activé. La cour de l'auberge est remplie de 4x4 énormes et de touristes de tout genre. C'est la première fois que nous verrons 'beaucoup' de touristes d'un seul coup. En ville, je fais une moitié de pellicule photos. Avec Martin séance dessins sur une pierre dans la rue. Une troupe d'enfants vient tourner autour de nous. Je croque les gens qui passent. Les enfants rigolent en essayant de deviner qui je croque. Des dizaines de jeunes nous invitent pour le réveillon de ce soir (du nouvel an pour ceux qui n'ont pas suivi). C'est vraiment sympa (à part ceux qui veulent absolument nous servir de guide et que nous refuserons systématiquement). Nous irons à la fête de l'association des jeunes de la ville. Mais avant, sieste de 21h jusqu'à minuit 30. Nous ratons un peu le réveillon mais ça ira pour la fêteBouré (fils de la vice-maire de Djénné, nous dit-il tout fier) nous fait danser et discute avec nous gentiment.

"Tenue africaine" par Laurence - Bandiagara - 3 jan 2002

Mardi 1 janvier 2002 - La ville est différente aujourd'hui et paraît désertée : Plus de marché, plus de criées, plus d'enfants, plus de touristes. Repassage du bac (personne ne nous film cette fois-ci puisqu'il n'y a que nous qui passons - tout le monde est parti hier soir). Alors que nous mangeons sur le bord de la route, à l'ombre d'un arbre nous rencontrons les allemands de l'équipée mauritanienne. Ils nous racontent la suite de leur aventure, eux sont passés par le Sénégal.  Ils nous organisent notre parcours des 2 prochains jours en pays Dogon.
Entre Sévaré et Bandiagara, oh ! surprise, la route nous montre ses plus beaux atours : Asphalte parfait, aucun trou et surtout lignes au sols, poteaux dans les tournants, ralentisseurs normaux dans les villages... Que c'est étonnant !. Nous n'avons pas vu de lignes blanches au sol depuis le Maroc. Nous dormons à Bandiagara ville d'enfance d'Ahmadou Ampaté Bà. D'une terrasse du centre ville nous admirons le Yamé, rivière où a couru Ahmadou durant ses jeux d'enfants. Ca me fait tout chose d'être sur les lieux du livre "L'enfant Peul" que j'ai lu il y a 1 an. J'étais à cent lieux de m'imaginer que j'y serais l'année suivante. Le gérant de l'hôtel "la Toguna" nous fait une réduction. Pour la première fois nous prendrons un guide pour les 2 jours qui suivent. Ah oui au fait, oggi è il capodanno - AUGURI. BONNE ANNEE ! Et Martin n'a pas le droit de se raser. Il faut qu'il attende que je sois partie.

Mercredi 2 janv - départ 8h avec notre guide Essao (nous laissons nos gros sacs à dos à l'hôtel pour faire une 4ième place dans la voiture - Nous partons avec le minimum pour 2 jours - j'emmène tout de même ma méthode d'italien), 1h et 20km de route pour Dourou à travers les champs d'oignons et citrouilles. Ca sent à plein nez. Nous abandonnons notre très chère 205 (si si) au village. Nous la récupérerons demain soir. Marche le long du plateau pour admirer la vue sur la dune rouge  en bas puis descente jusque dans la plaine au village de Nambori par un escarpement dans la falaise. Sur le chemin des centaines (enfin je m'emporte, je m'emporte, des dizaines suffiront) d'arbres différents : Karités, nérés, tamariniers, figuiers sauvages squattant acacias, fromagers, dattiers sauvages (qui font des dattes mais qui ne sont pas des palmiers), rogniers, baobabs, arbres à instruments de musique dont je n'ai pas le nom. Séance de dessins. Martin est très inspiré par les couleurs et l'architecture. A Nambori, c'est la fête des masques, spectacle un peu pour les 20 touristes de passage mais aussi pour les 500 villageois présents. Les enfants réagissent à ces hommes masqués en criant et s'enfuyant dans tous les sens. C'est rigolo. Nous dormons sur la terrasse d'une maison. Nous y montons grâce à une échelle étroite d'un pied. Essao nous affirme que l'échelle est faite de bois très dur (le bois du fameux arbre à instruments). Je tremble quand je descends de nuit (heureusement au clair de lune presque pleine) car mon estomac n'a rien trouvé de mieux d'être malade ce jour-ci. Ca caille carrément malgré les 19 degrés. Mais peut-être à cause de la brise qui souffle. Nous finirons par dormir sous les matelas. A 1h30 du mat, Essao nous réveille pour assister à la danse de femmes. Spectacle extraordinaire nous dit-il. Des hommes tournent en rond lentement autour d'un chanteur. Les paroles appellent les femmes à danser. Toutes les 10 minutes, une femme s'insère dans le cercle d'hommes et se met à s'agiter, quelques secondes, puis repart au milieu des spectateurs et c'est à nouveau l'appel monotone (mais belle voix du chanteur il faut le dire). J'avoue que nous avons du mal à apprécier le spectacle. Heureusement l'ambiance est sympa. Les enfants sont massés autour d'un feu de paille pour se réchauffer. Nous nous éclipsons doucement vers 3h histoire de dormir un peu.

Jeudi 3 - De la terrasse et de dessous les matelas, nous admirons les couleurs qui se forment avec le soleil levant sur les falaises qui nous surplombent. Accrochées au milieu, les maisons de Tellems (peuple pygmée de 80cm, plus petit que les pygmées du brésil, mais aujourd'hui disparu) brillent. Marche aux pieds de ces falaises jusqu'à Idjéli. Nous admirons les greniers à mil ou sorgho. A Idjéli, nous assistons à un cours d'une école, faite de paille, nouvellement créée. 109 élèves entre 6 et 8 ans. 1 maître, 1 tableau, 1 seul livre de lecture, 1 seul cahier, 1 craie, les enfants sont assis sur des pierres. Je vais essayer de les aider en créant un site pour faire un appel de fond. Leçon 14 d'italien. Chi va piano, va sano. Chi va sano, va lontano. Retour à Dourou à pied. Nous arrivons juste avant la tombée de la nuit. La voiture a du mal à démarrer (malgré les bougies neuves) et  la première a du mal à passer. Retour sur Bandiagara en voiture. Je prends le volant pour retourner jusqu'à Bandiagara sur les 20km de routes défoncées. Essao n'est pas du tout rassuré et a horreur que ce soit une femme qui conduit (je roule entre 10km/h et 20km/h). Pourtant je l'avais trouvé très moderne pendant 2 jours. A l'hôtel la Toguna, le gérant nous installe dans ses meilleures chambres pour le prix négocié la veille des moins bonnes chambres. Cette fois-ci nous n'avons rien demandé. C'est juste spontané de sa part. Comme l'ambiance générale au Mali : spontanée, simple et chaleureuse.

Vendredi 4 janv - Nous trainââssons à l'hôtel avant de partir. Nous discutons avec le poète Serge Armengol qui parcours l'Afrique avec sa femme pour sensibiliser la population sur le Sida. Il nous fascine de ses discours poétiques. Vous pouvez en lire quelques-uns en cliquant ici. Martin essaye de réparer les vitesses, nettoie le moteur, vérifie les freins et les roues. Nous prenons un pot à Mopti avec vue sur le Bani au soleil couchant. Je me paye un petit tour en pinasse de 15 minutes histoire d'apercevoir la ville de loin. Des hommes se lavent dans la rivière. Des pinasses chargées à blocs de filets, poissons, enfants et moutons passent lentement. A Sévaré, rencontre de Christine et Guillaume de l'équipée mauritanienne. Ils sont aussi passés par le Sénégal. J'apprendrais ensuite que Martin et Anne retrouveront les frères Mendez (équipage de l'autre 205) aussi de l'équipée Mauritanienne au Burkina-Faso. L'Afrique est bizarrement toute petite à certains points de vue !

Samedi 5 - je conduis pour la dernière fois la voiture (bouhouhh) jusqu'au bus qui me ramène à Bamako. La voiture a 237232km. J'abandonne Martin et Anne qui continuent vers le Burkina Faso. Trajet de 7h intéressant en bus. Une femme m'offre un fruit étrange (sekenokou) pour que je goûte. Mon voisin m'offre à goûter des tomono (sorte de cerise). A tous les arrêts, des enfants, femmes nous vendent des brochettes, des carottes, des bananes, des patates... Les pauses pipi se font au milieu des villages derrière les cases. L'arrivée sur Bamako est poussiéreuse de latérite. Dans le taxi qui m'emmène à l'hôtel, je m'aperçois avec horreur que j'ai perdu ma pochette secrète (passeport, billet d'avion, carte de crédit...). Gros stress. Le chauffeur (un gentil Senoufo) fait demi-tour. 1h après nous sommes de retour à la gare des bus. La pochette est là,  tombée juste avant que je rentre dans le taxi. Personne ne l'a vue (de nuit) ni ramassée. Un jeune me demande s'il y avait de l'argent dans la pochette. Oui. Oh ! Il est tout déçu de ne pas l'avoir vue avant. Ouf ! J'ai le coeur qui bat. La course de taxi me coûte 200FF au lieu de 30F mais je suis SOU-LA-GEE. Retour à l'hôtel (celui avec la piscine évidemment). Moktar n'a plus de chambre de libre mais il me laisse sa propre chambre. Il dormira dans le salon. Vraiment sympa. Avec Gibril, un de ses copains, nous sortons en boîte de nuit. Je n'y vais jamais mais je ne peux pas refuser. Ultra moderne. Les femmes sont en tenues de soirées paillettes, les hommes en costard-cravate évidemment.

Dimanche 6 - Direction centre ville. Taxi ou Sotroma ? Pour attraper un taxi, il suffit de marcher. En moins de 2 minutes une voiture va klaxonner et proposer le service. Il y a les taxis officiels, jaunes décrépis et surtout vieux, très vieux, généralement les portes ne s'ouvrent plus que d'un côté, il n'y a plus aucune garniture dans la voiture (qui semble vraiment nue), et il est impossible de connaître le nombre de km, m'avoue le chauffeur. Puis les autres qui sont en fait des voitures particulières et qui profitent de prendre des passagers pendant leur déplacement. Généralement ces voitures sont plus confortables. Les Sotroma (nom de la société qui les gère) sont des petites camionnettes vertes avec des bancs le long des parois. La loi les autorise à transporter maximum 19 passagers et ils feront tout pour que ce soit le cas. De la gare centrale, on ne part pas à moins. Sidérant. Car à 10 personnes, j'ai déjà l'impression que c'est plein. Mais non chaque nouvelle personne trouvera sa place. Serrez les rangs ! Je visite enfin le centre artisanal et j'ose m'acheter une chaise africaine. Il va falloir ensuite la ramener. Je me demande bien comment je vais faire. Promenade en ville et banque. Dej vous vous doutez où ? Au bord de la piscine évidemment puis sieste où ? Au bord de la piscine. Mon sac ne contient plus que des souvenirs, les 20 pellicules photos, la pharmacie et ma trousse de toilette.

Lundi 7 janvier 2002 - Confirmation du billet de justesse. Leçon 16 d'italien. Il gentile sénoufo di sabato viene a prendermi per andare al aeroporto. Le voyage est épique. C'est un taxi officiel. Ca veut donc dire que nous sommes à la vitesse de  40km/h sur les 20km jusqu'à l'aéroport. Nous nous arrétons 2 fois pour faire le plein. Puis le chauffeur se fait arrêter (il n'y a pas que les touristes qui se font arrêter). Il n'a en fait aucun papier (ni papier de voiture, ni permis de conduire !), sur une route désertique où personne d'autre ne veut s'arrêter. Le flic ne veut rien entendre de mes supplications pour nous laisser repartir. Il finit par siffler une voiture et obliger le chauffeur à m'emmener jusqu'à l'aéroport pour ne pas rater mon avion. Je ramène 31kilos de bagages et donc de souvenirs. Ca passe bien au check-in. On fait la queue à l'entrée de l'avion directement sur la piste pour contrôle des sacs. Je n'ai jamais vu ça : une file de gens le long des réacteurs, surveillée par des militaires. Départ avec 2h30 de retard. Arrivé 3h30 du matin en tongues (pas chauffantes). Il fait -5 degrés dehors. Le choc ! Il faisait 29 degrés à Bamako. Avec la compagnie NasAir. Compagnie malienne qui a fait son premier vol le 22 nov.

Conclusion : Anne fait très bien le lézard et Martin imite très bien le chameau étonné et moi je parle un tout petit peu italien. Martin a beaucoup bricolé le moteur et Anne et moi sommes aides-garagistes confirmées. Il ne faut pas traverser le Sahel tout seul et avec une seule voiture. Il ne faut pas avoir de vêtements blancs... et chaque fois que j'entends Manu Chao j'ai l'impression d'être dans le Sahel. Et ne me parlez plus de sardines.

Mardi 8 janvier : retour à Boulogne. Pour le repas de midi, je me tartine du foie gras, du saumon fumé, du tarama, des oeufs de lompes. Huuummmh. Et en dessert, une mousse de marron. J'apprends que Martin a rasé sa barbe dès mon départ.

Pendant la semaine qui a suivit mon retour : je n'ai pas eu le temps de penser que je n'étais plus en Afrique. J'ai revu mes frères et soeur, neveux et nièces, mes amis... J'ai fait réparer ma moto qui ne m'a pas attendu patiemment : plus de batterie. Leçon 17 d'italien. Puis j'ai introduit des pièces Euro françaises en Italie, des pièces italiennes en Allemagne, des pièces allemandes en France, des pièces italiennes en France, des pièces allemandes en Italie et enfin des pièces françaises en Allemagne. Ca m'a bien amusée. J'ai l'impression de jouer au Monopoly. Ah ! si vous passez par la case "Via Marco Emilio Lepido" à Bologne - Italie, j'y ai vidé mon sac dans un appartement d'une petite maison jaune. Vous n'aurez pas à payer de loyer ni à retourner par la case départ. Bienvenu dans mon nouveau chez moi.

2 semaines après, Martin et Anne n'ont PAS réussi à "finir" la voiture ! Elle roule toujours.  Ils la vendront au Burkina-Faso à un boucher pour 3000 Francs FR ! Pour info : le boucher va devoir débourser en tout 10 000 FrancsFR pour cause de dédouanement, de mine et de frais d'amende,  car il est interdit d'arriver en voiture et de repartir en avion.

Avant de partir de Paris pour l'Italie, je vais essayer d'aller voir l'exposition sur le Mali à la villette qui a lieu jusqu'au 24 février.  J'avais raté celle sur l'Afrique juste avant de partir au Musée du Troca.

Finalement j'ai aussi raté l'expo sur le Mali. Mais j'ai réussi à voir celle sur l'art africain à Bologne en septembre.

Si vous avez le courage, vous pouvez maintenant venir voir mes 700 photos, à Bologne en Italie ou bien voir un aperçu en  clicquant ici.

 

 

Pique-nique typique Journée Typique
  • 1 boite de sardines pour trois
  • 1 vache-qui-rit par personne
  • pain
  • datte + lancé de noyaux de datte

Quand l'ordinaire s'améliore :

  • olives ou cacahouètes pour l'entrée
  • la vache qui rit est remplacée par du kiri (si c'est meilleur - au début)
  • la boite de sardine par une boite de maquereau ou par une boite de thon. Mais c'est le maquereau qui résiste le mieux à l'habitude.
  • ajout d'une tomate. C'est plus juteux mais elle rend malade.
Une journée typique entre 2 campements à la belle étoile :
  • 6h50 Lever avec le lever de soleil - écouter les milliers d'oiseaux qui chantent.
  • Rangement du campement sans mettre trop de sable dans les sacs de couchage et draps
  • Petit dej de gâteaux secos avec confiture de fraise affreuse
  • Départ 8h et route ou piste à folle allure (c'est difficile de dépasser les 40km/h). Multiples arrêts photos car le paysage est magnifique partout. Si vous avez le courage, je pourrais vous montrer mes 700 photos (ou cliquer ici pour voir un aperçu)
  • Quand l'envie se fait sentir, arrêt le long de la route ou piste sous l'ombre d'un arbuste et si chanceux d'un arbre pour pique-niquer (voir à côté), capot ouvert pour laisser le moteur refroidir.
  • Route ou piste, remplissage d'eau du bidon et des petits bidons (bouteilles d'eau minérale) aux puits, citernes ou stations essences rencontrés.
  • Vers 17h30, 18h, heure à laquelle le soleil est prêt à se coucher, choix d'un lieu pas trop sableux et pas trop épineux pour s'arrêter pour la nuit
  • Désensablage de la voiture au cas de mauvais choix de l'arrêt
  • Martin plonge sous la voiture pour réparer, vérifier. Quoi ? Ca dépend des jours. Anne et moi sommes aide-garagistes.
  • Au crépuscule, quand les enfants sont rentrés chez eux, les chameliers ont posé campements, nous posons la tente et grande douche avec l'eau des petits et grands bidons qui a largement eu le temps de chauffer pendant la journée, avec pour horizon, les arbres qui se découpent en ombre chinoise sur le rond soleil rouge qui se couche.
  • Séance épilation. On n'a pas de réchaud pour faire la cuisine mais on a l'épilateur ! La séance peut aussi se faire en cours de route si la route n'est pas trop mauvaise (sinon ça deviendrai dangereux).
  • Pique-nique (voir à coté à nouveau).
  • Grand feu pour brûler les poubelles diverses (voir vie des déchets) et j'annonce généralement vers 20h à Martin et Anne que je ne ferais pas long feu.
  • Martin prépare un bâton pour se battre contre les hyènes au cas où.
  • Je me couche vers 21h - dans la voiture, j'ai peur des bestioles qui pourraient venir me bouffer toute crue la nuit - et Martin et Anne vers 21h30 dans la tente.
  • BONNE NUIT.

Lessives

  • pas ou très peu de lavomatic. Prévoir un tube de lessive sans frotter.
  • Mais surtout, EVITER les vêtements blancs car la latérite est coriace au lavage. Surtout à la main. Donc T-shirts et chaussettes gris, oranges, bleus... mais pas blancs. Et la serviette de toilette aussi. Le rouge ne partira qu'à la 3ième lessive à la machine après le retour en France.
  • Ah oui ! Il y aussi les tâches d'huile à la sardine. Même en mangeant proprement, au cours des 100 repas de sandwiches à la sardine à l'huile et tomates, y'a des risques de jets... au moment d'ouvrir la boite, de verser les sardines dans le pain en équilibre sur le genou, de croquer le sandwich bien coulant de jus.

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le paréo ou pourquoi l'emmener

  • si vous dormez dans la voiture, utilisez le en rideau
  • pour vous sécher sur la plage
  • en drap de dessus  très léger pour dormir quand il fait chaud
  • pour les femmes en jupe
  • pour tous, cachez-vous dedans pour vous changer ou sortir de la douche

Il est léger, il sèche vite et il ne prend pas de place dans le sac.

 

Lecture :

Déjà lu et j'ai aimé :

"L'enfant peul' de Ahmadou Ampaté Bà

"La conquête des sables" de David BALL

"Le journal d'Afrique" de David Guetter

"Les 1001 années de nostalgie" de Rachid boudjedra - très farfelu

"Allah n'est pas obligé" de Ahmadou Kourouma - vous n'aimerez peut-être pas le style

"La croisade vu par les arabes" de Amin Maalouf

"Le désert des tartares" de Dino Buzzati

"Le fils récompense" de Anne Broyance

"Oui, mon commandant" de Ahmadou Ampaté Bà

"Les mots étrangers" de Vassilis Alexakis

Pas encore lu mais on me les a conseillés :

"L'usage du monde" de Nicolas Bouvier

"Les yeux dans les arbres" de Barbara Kingsolvers

"Le petit train de la brousse" de P. Baleine ----- ce livre est épuisé. Est-ce que quelqu'un l'aurait dans sa bibliothèque, pour me le prêter ?

"La redemption de Christophe Colomb" de Orson Scott Guard

"Méharées" de Théodore Monod

- tous les albums de carcala -